Indications et contre-indications
D’après le Docteur Saponaro
Tous les exercices de Yoga présentent une indication hygiénique générale, et une ou plusieurs indications thérapeutiques (pour soigner ou prévenir certaines maladies ou malformations de l’organisme).

Certains présentent même des contre-indications pour les personnes atteintes de certaines maladies. Toute personne qui présente une maladie, une malformation ou un trouble, fonctionnel ou organique, pourra tirer bénéfice de la pratique de certains exercices tandis qu’elle devra s’abstenir rigoureusement d’en pratiquer quelques autres qui ne lui seraient d’aucun profit et qui pourraient même être dangereux. Nous avons pensé qu’il serait utile pour le lecteur de faire un bref appendice à la fin de ce volume pour indiquer schématiquement les exercices particulièrement indiqués ou particulièrement dangereux et nuisibles dans le cas de certaines maladies. Nous n’avons pas l’intention de passer en revue toute la pathologie humaine, ni de considérer toutes les affections pour lesquelles le Hatha-Yoga est particulièrement utile: nous nous limiterons à signaler les affections courantes et pratiquement les plus importantes, et celles pour lesquelles la pratique du Yoga est universellement reconnue comme bénéfique.

Maladies et troubles de l’appareil digestif

Les affections de l’appareil digestif représentent peut-être la partie de la pathologie humaine qui tire le plus d’avantages de la pratique du Hatha-Yoga. Les exercices respiratoires et gymniques du Hatha-Yoga ont une action bénéfique qui se situe surtout au niveau des organes de la cavité abdominale, c’est-à-dire de l’estomac, de l’intestin, du foie, de la vésicule biliaire, du pancréas, de la rate. Elle s’effectue selon divers mécanismes: en augmentant la pression endo-abdominale au moyen de la contraction et de la tension des muscles abdominaux; en augmentant l’afflux de sang aux organes de la digestion; en déterminant un massage interne sur les organes ou une compression du côlon; en stimulant les terminaisons nerveuses végétatives avec sollicitation de l’activité sécrétrice et motrice des viscères. Les états morbides de l’appareil digestif qui ne supporteraient pas les exercices de Hatha-Yoga sont extrêmement rares: ils ne constituent jamais une contre-indication pour les personnes affectées de maladies ou de troubles à caractère digestif.

Les diverses formes de dyspepsie, c’est-à-dire de digestion difficile, provoquées par des processus inflammatoires de la muqueuse gastrique ou par une insuffisance des sucs digestifs ou encore par des altérations de la motilité de la musculature de l’estomac, tirent des avantages multiples de nombreuses positions de Yoga. Rappelons les plus efficaces: la position du cobra (bhujaṅgāsana), la position pour la distension du dos (paścimattānāsana), la position de la tortue (kurmāsana), la position de l’arc (dhanurāsana), la position de la foudre (vajrāsana), la position la tête en bas (śīrṣāsana), la position du poisson (matsyāsana), la position de la charrue (halāsana), la position de la cigogne (padahastāsana), la position de la semi-torsion spinale (ardhamatsyendrāsana), la position du paon (mayurāsana), l’exercice de contraction et de contrôle des muscles abdominaux (uḍḍīyanabandha), l’exercice d’isolement et contraction des muscles droits (naulikriya). Parmi les exercices respiratoires, citons la respiration Yoga complète.

La constipation chronique, la flatulence, la torpeur intestinale en général, souvent accompagnée d’un excès de fermentations ou de putréfactions intestinales, tirent de nombreux avantages de la pratique des exercices de Yoga, respiratoires et gymniques. Citons par exemple la suspension de la respiration et la respiration complète. Parmi les positions: la position de la roue (cakrāsana), la position purificatrice (pavanamuktāsana), la position du cobra (bhujaṅgāsana), la position pour la distension du dos (paścimattānāsana), la position de la tortue (kurmāsana), la position de la sauterelle (śalabhāsana), la position de l’arc (dhanurāsana), la position de la chandelle (sarvāṅgāsana), la position de la charrue (halāsana), la position de la cigogne (padahastāsana), la position de la semi-torsion spinale (ardhamatsyendrāsana), la position du paon (mayurāsana), l’exercice d’isolement et de contraction des muscles droits (naulikriya). Les personnes qui souffrent d’anorexie (inappétence) tirent de grands avantages de la respiration Yoga complète, de la suspension de la respiration, de la position de la cigogne (padahastāsana), de la position du paon (mayurāsana), et de l’exercice de contraction des muscles abdominaux (uḍḍīyanabandha).

Les individus qui souffrent d’une insuffisance hépatique ou plus généralement d’une maladie du foie ou de la vésicule biliaire doivent pratiquer ces exercices: respiration Yoga complète, position de la roue (cakrāsana), position pour la distension du dos (paścimattānāsana), position de la chandelle (sarvāṅgāsana), position la tête en bas (śīrṣāsana), position de la charrue (halāsana), position de la cigogne (padahastāsana), position de la semi-torsion spinale (ardhamatsyendrāsana), exercice de contraction et de contrôle des muscles abdominaux (uḍḍīyanabandha), exercice de contraction des muscles droits (naulikriya).

L’insuffisance pancréatique tire le maximum d’avantages de la respiration Yoga complète de la position de l’arc (dhanurāsana) , et de la position de la cigogne (padahastāsana).

Aux individus affectés de ptôses viscérales (descente des viscères abdominaux), on recommande tout particulièrement les exercices qui renforcent les parois musculaires de l’abdomen et la musculature des viscères. Rappelons: la position en angle (konāsana), la position de la chandelle (sarvāṅgāsana), la position inversée (viparītakaraṇi), la position symbole du Yoga (yogamudrā), l’exercice de contraction et de contrôle des muscles abdominaux (uḍḍīyanabandha) et l’exercice d’isolement et de contraction des muscles droits (naulikriya).

Ainsi que nous l’avons précisé, les contre-indications en ce qui concerne les personnes affectées de certaines maladies de l’appareil digestif sont rares. Les individus qui souffrent d’une hernie abdominale doivent éviter la position de la roue 2ème type (cakrāsana 2ème type), la position du cobra (bhujaṅgāsana), la position pour la distension du dos (paścimattānāsana) , la position de la sauterelle (śalabhāsana), et la position du chameau (uṣṭrāsana); ceux qui sont atteints d’une splénomégalie (grossissement de la rate) ne peuvent pas pratiquer la position de la roue 2ème type (cakrāsana 2ème type), la position du cobra (bhujaṅgāsana), la position pour la distension du dos (paścimattānāsana), la position de la sauterelle (śalabhāsana), la position de l’arc (dhanurāsana), la position du chameau (uṣṭrāsana), et la position de la cigogne (padahastāsana); les personnes souffrant d’une hépatomégalie (augmentation anormale du volume du foie) doivent s’abstenir de pratiquer la position pour la distension du dos (paścimattānāsana) et la position de la cigogne (padahastāsana).

Maladies et troubles de l’appareil cardio-vasculaire

Les personnes atteintes des maladies de l’appareil cardiovasculaire (cardiopathie, hypertension artérielle, artério-sclérose, hypotension artérielle) ou qui présentent une quelconque faiblesse cardiaque ne peuvent quasiment pas pratiquer le Yoga. Les affections du cœur et des artères peuvent être prévenues au moyen du Hatha-Yoga qui élimine tous les facteurs toxiques .et nocifs, physiques aussi bien que psychiques, qui risquent de nuire à ces organes; mais la pratique du Yoga devient dangereuse lorsque les organes sont atteints, car elle demande un gros effort physique et fatigue le coeur.

Mais, pratiquement, les mêmes maladies peuvent être combattues par la respiration Yoga complète, qui favorise l’oxygénation et la nutrition du muscle cardiaque, régularise le rythme du cœur et la pression sanguine, et augmente la rapidité de la circulation; la respiration Yoga, progressivement dosée, peut être pratiquée par les malades du coeur. Les personnes affectées d’hypotension artérielle tirent un certain bénéfice de la pratique de la respiration sonore, qui tonifie les vaisseaux sanguins et augmente la pression. Mais les autres exercices respiratoires (retenir la respiration, suspendre la respiration, la respiration qui purifie le crâne, la respiration alternée des narines, la respiration sonore) doivent être pratiqués avec prudence surtout par ceux qui souffrent d’artério-sclérose ou les hypertendus. II faut dans tous les cas faire appel à un médecin.

Pour ce qui est des positions de Yoga, la seule recommandée est la relaxation générale (savâsana) qui, tout en ralentissant le métabolisme du corps et en favorisant la récupération des énergies, agit comme «reconstituant» du coeur et lui permet de fonctionner plus facilement; il ralentit ou régularise le pouls et en outre abaisse ou régularise la pression sanguine. Les exercices qui demandent une tension, un effort excessif sont déconseillés et même contre-indiqués: la position des paumes des mains (talâsana), la position de la roue (cakrâsana), la position du triangle (trikonâsana), la position du cobra (bhujamgâsana), la position pour la distension de la colonne vertébrale (paschimottâsana), la position inversée iviparita-karani), la position la tète en bas (sirshâsana), la position de la charrue (halâsana), la position de la cigogne (padahasthâsana), la position du paon (mayurâsana), la position de la semi-torsion spinale (ardha-matsyendrâsana), l’exercice d’isolement et de contraction des muscles droits (nauli-kriva). Ces contre-indications sont absolues, mais doivent être considérées selon les conditions physiques de l’individu: tel exercice doit être totalement proscrit; tel autre peut être effectué progressivement, avec prudence et modération. Les contre-indications sont établies cas par cas, toujours individuellement. La personne affectée d’une maladie de coeur doit consulter un médecin qui, en collaboration avec le maître de Yoga, établira les limites à ne pas dépasser. Les individus qui présentent une hypotension artérielle doivent éviter la position de la chandelle (sarvangâsana).

Les personnes atteintes de névroses cardiaques peuvent tirer de nombreux avantages des exercices de Yoga et les contre-indications ne sont pas valables pour elles: ces affections, en tait, entrent dans le groupe des troubles nerveux et psychiques et non dans celui des cardiopathies.

Maladies et troubles nerveux et psychiques

Les affections à caractère neuro-psychique sont celles qui bénéficient le plus des exercices de Yoga: elles sont, par excellence, le champ d’application de la discipline Yoga et celui où le Yoga a remporté le plus de succès.

Les maladies et les troubles dus à l’éréthisme (anxiété, agitation nerveuse ou psycho-motrice, hyper-émotivité, névroses phobiques et psychoses maniaco-dépressives, névroses cardiaques, insomnies, etc.) tirent un bénéfice maximum de la respiration Yoga complète et de l’exercice de rétention de la respiration. Parmi les positions Yoga, les plus indiquées sont: la position de relaxation psychophysique (savâsana), la position assise facile (sukhâsana), la position du lotus (padmàsana), et l’exercice de concentration du regard sur les mandalas.

Dans les cas de neurasthénie et de fatigue nerveuse en général, les meilleurs résultats s’obtiennent aussi avec la position de relaxation (savâsana), et la position du lotus (padmâsana), la position de la foudre (vajrâsana) et surtout les trois positions inversées du corps: la position de la chandelle (sarvangâsana), la position inversée (viparita-karani) et la position la tête en bas (sirshâsana).

Les affections et les troubles à caractère dépressif (dépression nerveuse, mélancolie, fatigue intellectuelle, etc.) tirent de grands avantages de la pratique des exercices de Hatha Yoga. En particulier de ces exercices de respiration: respiration sonore, respiration qui purifie le crâne, respiration purificatrice, respiration qui renforce les nerfs et respiration «HA» (debout ou allongé). Et de ces exercices de position: position de la foudre (vajrâsana), la position inversée (viparita-karani) et la position la tête en bas (sirshâsana).

Aux enfants et aux adolescents qui présentent un retard dans leur développement psychique, il est recommandé de faire les trois exercices inversés qui favorisent l’afflux de sang au cerveau, améliorant ainsi sa nutrition et activant son développement: position de la chandelle (sarvangâsana), la position inversée (viparita-karani) et position la tête en bas (sirshâsana).

Dans les cas de troubles de l’équilibre ou d’équilibre instable, les exercices suivants sont particulièrement recommandés: la position facile de l’équilibre, la position en équilibre et la position de l’arbre. Toutes ces affections à caractère nerveux ou neuro-psychique ne présentent aucune contre-indication particulière. II est toutefois recommandé de ne pas pratiquer les exercices de Yoga lorsqu’on est dans un état d’extrême agitation ou de tension nerveuse: dans ce cas, il faut toujours faire précéder l’exercice d’une période de relaxation.

Maladies et troubles généraux

Les exercices respiratoires et gymniques du Hatha-Yoga ont une action bénéfique générale, en plus d’une action particulière sur des organes déterminés. Les maladies et les troubles à caractère général en tirent des avantages considérables et peuvent y trouver une indication thérapeutique véritable.

Les états d’anémie et de dépérissement organique peuvent tirer certains avantages de presque tous les exercices de Yoga, ils améliorent la nutrition et l’afflux de sang aux divers tissus et à tout l’organisme en général, du fait de l’oxygénation accrue. Parmi les exercices respiratoires, citons la respiration Yoga complète et l’exercice de suspension de la respiration. Parmi les exercices de position, la position de la chandelle (sarvangâsana) , et la position du paon (mayurâsana). La pratique de ces exercices peut s’accompagner de traitements pharmaceutiques.

L’asthénie neuro-musculaire, c’est-à-dire la faiblesse musculaire et nerveuse qui caractérise les états de fatigue ou de convalescence, est soignée par tous les exercices de Yoga qui renforcent la musculature des diverses parties du corps. Le choix de l’exercice se fait d’après la musculature que l’on veut renforcer et tonifier (muscles des bras, des jambes, du dos, du thorax, de l’abdomen, du cou, etc. ). Parmi les exercices conseillés: la position en angle (konâsana), la position en équilibre (utkatàsana), la position de la roue (cakrâsana), la position purificatrice (pavanamuktâsana), la position du cobra (bhujamgâsana), la position du lion (simhâsana), la position de l’aigle (garudâsana), la position du triangle (trikonâsana), la position de la charrue (halâsana) la position de la cigogne (padahasthâsana), la position de la semi-torsion spinale (ardha-matsyendrâsana). Ces exercices peuvent s’associer à des traitements médicamenteux et physiothérapiques communément appliqués.

Les états d’intoxication exogène ou endogène (provoquée par des poisons absorbés ou ayant pénétré dans le corps par une voie externe, ou déterminée par des substances toxiques qui se forment à l’intérieur de l’organisme en s’accumulant dans les tissus), profitent des exercices respiratoires qui favorisent l’élimination des substances toxiques et purifient l’organisme en régénérant les tissus. L’exercice, de suspension de la respiration, la respiration qui purifie le crâne, la respiration sonore, la respiration purificatrice, sont particulièrement recommandés à cet effet.

Ces états d’anémie, de dépérissement, d’amaigrissement ou d’in- toxication générale n’ont pas d’indications spécifiques. Tous les exercices respiratoires et gymniques du Yoga sont recommandés, dès l’instant qu’il n’existe pas de conditions cardiaque ou pulmonaire précaires.

Ces états de maladie générale ne présentent aucune contreindication particulière.

Maladies de la nutrition

L’obèse peut tirer des avantages certains de la pratique du Yoga. Les exercices respiratoires et gymniques permettent de prévenir l’accumulation de graisse (c’est-à-dire de maintenir la ligne svelte) ou favorisent la résorption des dépôts adipeux (c’est-à-dire l’amaigrissement). Les plus efficaces sont: la position en angle (konâsana), la position de la roue cakràsana), la position pour la distension de la colonne vertébrale (paschimottâsana), la position de la tortue (kurmâsana), la position de l’arc (dhanurâsana), et la position de la charrue (halâsana). Les autres exercices déterminant des contractions musculaires favorisent l’absorption de la graisse et préviennent l’obésité. On peut donc dire que la pratique du Hatha-Yoga a dans ces cas une fonction principalement esthétique: elle confère une ligne svelte, en empêchant la formation de graisse (ou en en favorisant la résorption) surtout dans certaines régions du corps (hanches, abdomen, cuis- ses, etc.).

Le diabète trouve dans le Hatha-Yoga des applications moindres. Selon certains maîtres, cette maladie est améliorée par la pratique de la position de l’arc (dhanuràsana); d’autres disent que c’est par la position de la charrue (halasana); d’autres encore affirment que c’est par la position de la cigogne (padahasthâsana). II ne s’agit donc pas d’affirmations unanimes, reconnues universellement; dans ce cas précis le mécanisme reste encore assez incertain. On peut dire avec certitude que le diabétique peut tirer un réconfort certain de la pratique d’exercices respiratoires et gymniques, qui stimulent les échanges de l’organisme, et améliorent la nutrition et la circulation du sang dans les tissus.

L’obésité comme le diabète, ne présente aucune contre-indication, sauf les cas où ces affections sont accompagnées d’une affection ou d’un affaiblissement cardio-vasculaire.

Maladies et troubles de la sphère génitale

Nombreuses sont les maladies de l’appareil génital, surtout féminin, et les troubles de la sphère sexuelle en général, qui peuvent être soignées par la pratique du Yoga.

Le développement sexuel insuffisant chez l’homme comme la femme (insuffisance testiculaire, insuffisance ovarienne), les faiblesses sexuelles en général, la dysménorrhée et les irrégularités menstruelles sont justiciables des positions qui déterminent un plus grand afflux de sang aux organes du bassin et aux organes génitaux: la position de la roue 2ème type (cakràsana 2), la position du cobra (bhujamgâsana), la position de l’arc (dhanurâsana), la position de la foudre ou position pelvienne (vajrâsana), la position du chameau (ustrâsana), la position du poisson (matsyâsana), l’exercice d’isolement et de contraction des muscles droits (nauli-kriva ).

Les processus inflammatoires des voies génitales féminines (métrites, annexites, ovarites, salpingites, paramétrites, périmétrites, etc.) tirent avantage de la position inversée du corps qui détermine un afflux de sang au cerveau et dégage donc les organes du bassin en les décongestionnant: la position de la chandelle (sarvangâsana), la position inversée (viparita-karani) et la position de la tête en bas (sirshâsana). Les exercices respiratoires en général sont utiles dans tous les cas d’insuffisance fonctionnelle ou de mauvais fonctionnement des organes génitaux, car ils améliorent leur oxygénation et leur nutrition tout en stimulant leur activité et leur développement. Les affections et le mauvais fonctionnement sexuels ne présentent aucune contre-indication: les exercices de Yoga ne sont absolument pas néfastes. Ils sont cependant déconseillés pendant la période des menstruations et pendant la grossesse (surtout pendant la deuxième moitié).

Maladies et troubles de l’appareil respiratoire

Les maladies de l’appareil respiratoire sont celles qui tirent le moins de bénéfices directs de la pratique du Hatha-Yoga; de plus, si elles sont accompagnées d’une insuffisance respiratoire, elles représentent une contre-indication à cette pratique. Nous répétons ce que nous avons dit pour les maladies du coeur; les maladies pulmonaires peuvent être prévenues par la pratique du Hatha-Yoga, qui améliore la respiration et les conditions de santé des organes; mais, une fois installées, elles rendent dangereuse l’exécution des exercices, du fait de l’effort physique qu’ils réclament.

La tuberculose pulmonaire est influencée, du point de vue prophylactique comme du point de vue thérapeutique, par les exercices respiratoires et surtout par la respiration Yoga complète, qui augmente les capacités de défense et de résistance du tissu pulmonaire, empêche le développement des bacilles tuberculeux, en améliorant l’oxygénation, l’expansion et la ventilation des alvéoles pulmonaires. Elle a donc une action préventive extrêmement précieuse. En outre, en améliorant la nutrition du poumon et en renforçant ses pouvoirs de défense, elle l’aide à lutter contre les bacilles qui se seraient éventuellement implantés: elle a donc aussi une action thérapeutique. Quant aux exercices de position Yoga, il n’y en a aucun qui soit véritablement indiqué dans le traitement de ces maladies. Ils sont même contre-indiqués et déconseillés dans les cas de tuberculose en phase congestive ou cavitaire, surtout lorsqu’ils s’accompagnent d’une insuffisance respiratoire, car les exercices déterminent un afflux de sang aux organes thoraciques. En fait, nous retrouvons là tous les exercices contre-indiqués pour les malades du coeur; citons par exemple la position de la chandelle (sarvangâsana), la position invertie (vipari ta-karani), la position la tête en bas ( sirshâsana ). Néanmoins, les bronchites, les trachéites, les broncho-pneumonies chroniques, l’asthme, l’emphysème pulmonaire tirent avantage des exercices respiratoires et surtout de la respiration Yoga complète.

Les inflammation chroniques des voies respiratoires hautes (trachéites, bronchites) peuvent être améliorées par la respiration qui purifie le crâne et la respiration sonore, qui facilite l’expulsion des sécrétions. II n’existe pas de position spécifiquement conseillée: certains maîtres du Yoga recommandent la position du poisson .(matsyâsana) pour le traitement des bronchites chroniques et de l’asthme, mais cette recommandation n’est pas faite par tous.

Pour les contre-indications, on peut dire ceci: quand la maladie bronchique ou pulmonaire compromet la fonction respiratoire en obstruant en grande partie la surface alvéolaire, déterminant ainsi un état d’insuffisance respiratoire, et dans tous les cas de faiblesse pulmonaire constitutionnelle, les exercices qui demandent une certaine tension, ou un gros effort physique sont déconseillés. Il s’agit, en règle générale, des exercices interdits aux malades du coeur ou aux tuberculeux. Dans tous ces cas, la pratique trop intense ou violente du Hatha-Yoga peut être néfaste et même dangereuse: elle est autorisée dans certains cas, mais avec modération et prudence. Il est donc recommandé de prendre l’avis d’un médecin avant d’entreprendre la pratique du Yoga; en accord avec le maître de Yoga, il établira un programme.

Maladies, anomalies et troubles articulaires

Les maladies, les anomalies et en général les troubles des articula- tion sont fréquemment améliorés par des exercices de Yoga, surtout ceux qui mettent en jeu la colonne vertébrale. En effet, les positions qui assouplissent les articulations «rouillées», qui leur redonnent élasticité et flexibilité, qui corrigent les déviations sont nombreuses. Les affections qui sont les plus sensibles aux bienfaits du Yoga sont celles qui touchent la colonne vertébrale: rigidité et semi-rigidité vertébrale, déviations vertébrales de toutes sortes (scolioses, cyphoses, lordoses). Les troubles douloureux qui ont leur origine directe ou indirecte dans une affection ou dans une malformation des vertèbres (lombalgie, sciatique, radiculites en général) y sont également sensibles. On a constaté que la majorité des exercices de Yoga mettent le dos et le thorax à contribution, ainsi que les muscles, les ligaments et les tendons qui ont une relation avec les vertèbres, outre les corps vertébraux et les disques cartilagineux inter-vertébraux. De même, la rigidité et la semirigidité des articulations des bras et des jambes sont combattues par le Yoga.

Les exercices principalement recommandés dans le traitement de ces affections sont ceux qui ont un caractère gymnique et qui impliquent des mouvements musculaires, en particulier ceux qui comportent une flexion en avant ou une extension en arrière ou encore une rotation ou une torsion latérale du tronc. Rappelons: la position en angle (konâsana) , la position de la roue (cakrâsana) , la position du cobra (bhujamgâsana), la position du triangle (trikonâsana ) , la position pour la distension de la colonne vertébrale (paschimottâsana), la position de l’aigle (garudâsana), la position du poisson (matsyâsana), la position de la cigogne (padahasthâsana), la position de la semitorsion spinale (ardha-matsyendrâsana).

Ces affections de la colonne vertébrale ou, en général, du système articulaire, ne présentent aucune contre-indication particulière et ab- solue. Il faut cependant rappeler que, quand la rigidité ou la déviation de la colonne vertébrale est très accentuée, ces exercices doivent être pratiqués avec prudence et lentement, en évitant tout mouvement et tout déplacement brusque ou violent, qui pourrait provoquer un effet contraire. Dans ce cas, il est nécessaire non seulement de prendre l’avis d’un médecin avant d’entreprendre quoi que ce soit, mais aussi de rester sous contrôle médical pendant toute la durée des exercices.

Certaines raideurs, certaines contractures, certaines malformations de la colonne vertébrale peuvent interdire l’exécution de ces exercices. Nous pouvons donc conclure en disant que ces affections peuvent constituer, dans des cas extrêmes, une contre-indication aux exercices, mais qu’en général, elles tirent un avantage considérable de leur pratique.

Troubles de la croissance

Certains troubles et certaines anomalies de la croissance peuvent considérablement bénéficier de la pratique du Hatha-Yoga, qui prend alors une véritable indication thérapeutique: rappelons la constitution faible, l’insuffisance thoracique, les omoplates saillantes, les épaules tombantes, la taille insuffisante, etc. Le retard dans le développement bénéficie grandement du Yoga sous toutes ses formes et sous tous ses aspects; certaines positions de Yoga ont une efficacité presque spécifique en ce qui concerne la correction de certains défauts de croissance et méritent d’être adoptées dans un but thérapeutique. On a démontré qu’une petite taille peut être corrigée en pratiquant la position des paumes des mains (talâsana) et la position de l’aigle (garudâsana): elles permettent d’augmenter la taille si elles sont pratiquées par des sujets âgés de moins de 20 ans (mais certains maîtres du Yoga affirment qu’il est possible d’obtenir des résultats même chez les adultes). Les enfants et les adolescents présentant une constitution faible, une insuffisance thoracique et d’autres troubles du même genre peuvent renforcer leur organisme et accélérer leur développement par la pratique assidue de la position de la roue (cakrâsana), de la position du triangle (trikonâsana) et de la chandelle (sarvangâsana).

Les troubles et les anomalies de la croissance ne présentent aucune contre-indication, dès l’instant qu’ils ne sont pas accompagnés d’une faiblesse cardiaque ou pulmonaire.

Maladies des glandes endocrines

La thyroïde est facilement influencée par les exercices de Yoga: la pathologie thyroïdienne est celle qui recourt le plus fréquemment aux effets thérapeutiques du Hatha-Yoga.

L’hypothyroïdisme, c’est-à-dire l’insuffisance de la fonction thyroïdienne ou un développement minime de la glande thyroïde, bénéficie particulièrement de la pratique du HathaYoga. Parmi les exercices respiratoires, la respiration sonore et la respiration en soufflet sont particulièrement recommandées. Parmi les positions, la position du cobra (bhujamgâsana), la position de l’arc (dhanurâsana), la position du chameau (ustrâsana), la position de la chandelle (sarvangâsana), la position inversée (viparitakarani), la position la tête en bas (sirshâsana), la position du poisson (matsyâsana) et la position de la charrue (halâsana). Ces positions déterminent un afflux de sang dans la région du cou (où se trouve la thyroïde) et stimulent l’activité de la glande. L’hypothyroïdisme ne présente aucune contre-indication particulière. L’hyperthyroïdisme, la condition pathologique opposée, est moins facilement influencée par le Yoga. Tous les exercices respiratoires et gymniques calment le psychisme ainsi que le svstème nerveux et rétablissent l’équilibre des fonctions neuro-végétatives: la respiration Yoga complète, la rétention de la respiration, la position de relaxation (savâsana), la position facile assise (sukhâsana), la position du lotus (padmâsana).

L’hyperthyroîdisme représente une contre-indication pour les exercices qui stimulent la fonction thyroïdienne, c’est-à-dire ceux qui sont indiqués pour le traitement de l’hypothyroîdisme.

Les autres glandes à sécrétion interne sont plus ou moins influençables. Les états d’hypopituitarisme (insuffisance de la fonction de l’hypophyse) tirent un avantage considérable de toutes les positions qui déterminent un afflux de sang au cerveau et une meilleure nutrition de la glande (qui se trouve à la base de la boite crânienne): la position de la chandelle (sarvangâsana), la position inversée (viparita-karani), la position la tète en bas (sirshâsana).

Dans le cas d’une insuffisance de la fonction des glandes surrénales, on a recours aux positions qui provoquentun afflux de sang aux organes de la cavité abdominale (où sont situées les glandes): il s’agit en grande partie des mêmes positions que pour la dvspepsie et l’insuffisance hépatique (voir maladies et troubles de l’appareil digestif).

Pour une insuffisance du pancréas (qui se manifeste cliniquement par le diabète) et une insuffisance ovarienne ou testiculaire (hypogonadisme), nous vous renvoyons à ce que nous avons dit à propos des maladies de la nutrition ou des troubles de la sphère génitale. Les maladies des glandes à sécrétion interne ne présentent aucune contre-indication particulière, si ce n’est l’hyperthyroïdisme.

Maladies de l’appareil urinaire

Les maladies de l’appareil urinaire constituent par excellence le champ de la pathologie humaine où l’application du Yoga se montre pratiquement inefficace. Yesudian soutient que la position du cobra (bhujamgâsana) combat les calculs rénaux, ou favorise au moins leur expulsion. Dans les cas de cystite chronique ou de troubles de la vessie en général, on recommande la position du chameau (ustrâsana). Les états d’insuffisance rénale, secondaires à une néphrite chronique ou hydropigène, tirent en outre un avantage certain des positions qui, en augmentant l’afflux de sang dans les organes de la cavité abdominale, stimulent la fonction du rein: il s’agit dans ce cas des positions déjà indiquées pour le traitement de la dyspepsie et de l’insuffisance hépatique. Les maladies rénales en général (néphrites, coliques rénales) sont une contre-indication pour la pratique de la position en angle (konâsana) et de la position du triangle (trikonâsana): elles interdisent l’exécution de ces exercices.

Maladies des veines

Au chapitre de la pathologie veineuse, les varices peuvent être soignées par la pratique du Hatha-Yoga, surtout les varices des membres inférieurs; mais on obtient de bons résultats sur toute la moitié inférieure du corps (par exemple, les varices du rectum et de l’anus, qui prennent le nom d’hémorroïdes, ou du scrotum, qui prennent le nom de varicocèle). L’efficacité des exercices de Yoga n’est pas seulement thérapeutique, mais aussi prophylactique: ils ne réduisent pas seulement les varices, mais ils préviennent ou empêchent leur formation chez les individus qui,-de par leur condition de vie ou par leur profession, sont prédisposés à la dilatation des parois veineuses. Les exercices de Yoga les plus efficaces sont ceux des positions inversées du corps; position de la chandelle (sarvangâsana), position inversée (viparita-karani), position la tête en bas (sirshâsana). Dans ces positions, le sang afflue au cerveau et décongestionne les membres inférieurs où il a normalement tendance à stagner; les veines dilatées se contractent et leurs parois retrouvent leur élasticité et leurs dimensions normales. Les formes de varices peu accentuées ou à leur début peuvent, par la pratique assidue de ces exercices, disparaître complètement; les varices anciennes peuvent se réduire considérablement avec la reprise de conditions circulatoires presque normales.

Les hémorroïdes en particulier, selon certains médecins de l’Institut de Yoga de Lonavla, peuvent être considérablement réduites avec la pratique de l’exercice de la cigogne (padhahasthàsana).

Une faible constitution des parois veineuses et une fragilité constitu- tionnelle des capillaires sanguins peuvent être efficacement combattues, selon certains maîtres du Yoga, par la pratique des exercices qui déterminent et favorisent la régénération des parois vasculaires.

Maladies de l’oreille, du nez et de la gorge

L’otorhino-laryngologie constitue un excellent champ d’application des exercices du Hatha Yoga. Les processus inflammatoires des cavités nasales (rhinites) et des sinus (sinusites), du larynx (laryngites), les affections de l’oreille moyenne et de la trompe d’Eustache (otites), les inflammations chroniques des voies respiratoires hautes, peuvent tirer des bénéfices certains de la pratique de certains exercices de respiration et de certaines positions Yoga. Les uns et les autres ont une efficacité prophylactique et thérapeutique: ils soignent les maladies et les préviennent chez les individus prédisposés (enfants lymphatiques, etc.).

Les exercices respiratoires suivants sont recommandés, en plus de la respiration Yoga complète: la respiration qui purifie le crâne, la respiration du soufflet, la respiration à narines alternées. Ces diverses techniques respiratoires ont, en fait, la fonction de nettoyer les cavités nasales et les conduits, en favorisant l’élimination du mucus, d’apporter de l’oxygène et de rejeter les gaz toxiques.

Parmi les exercices de position, les plus utiles sont: la position de la chandelle (sarvangâsana), la position la tête en bas (sirshâsana), la position du poisson (matsyâsana), l’exercice de contraction de la langue (jiva bandha). Ils agissent en déterminant un afflux de sang au cerveau et dans la région du cou, et en tonifiant l’appareil respiratoire.

Les maladies et les troubles fonctionnels du nez, de l’oreille et de la gorge ne présentent aucune contre-indication véritable pour la pratique du Hatha-Yoga. On recommande aux personnes atteintes de coryza chronique d’effectuer avec prudence les exercices de positions inversées (position de la chandelle ou sarvangâsana, position inversée ou viparita-karani, position la tête en bas ou sirshâsana), en évitant des efforts trop violents, la même recommandation est valable pour les individus qui souffrent de douleurs aux oreilles. Avant de pratiquer ces exercices, il est bon de consulter un médecin.

Maladies et troubles des yeux

En ophtalmologie, la pratique du Yoga peut trouver une indication utile pour combattre la faiblesse ou la fatigue de la vue, corriger le strabisme et en général l’atonie des muscles oculaires, conserver l’éclat du regard et l’élasticité des globes oculaires.

Les exercices indiqués dans ce but sont ceux de la concentration du regard: la concentration du regard sur les mandalas, la fixation du bout du nez (nasagra-drishti) et la fixa.tion de l’espace situé entre les sourcils (bhrumadhya-drishti). Ils renforcent le nerf optique, la vue et les muscles qui contrôlent les mouvements du globe oculaire.

Les maladies et les troubles des yeux et de la vue ne présentent aucune contre-indication particulière: l’exercice de concentration du regard sur les mandalas doit être effectué progressivement et avec modération.